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Il faut comprendre que la sécurité nationale n’est pas une somme de menaces isolées, mais un ensemble d’interactions dynamiques, interdépendantes, évolutives et souvent non-linéaires. Voici une lecture structurée de la conférence de presse du chef d’état major des armées françaises dans cette perspective :
Système complexe de sécurité : des menaces interconnectées
Le chef d’état major des armées décrit une multitude de menaces : terrorisme, cyberattaques, criminalité, désinformation, déstabilisation régionale, changements climatiques, etc. Dans une lecture systémique :
- Ces menaces n’agissent pas séparément, elles se nourrissent les unes des autres.
- Une attaque cyber peut par exemple amplifier une campagne de désinformation, qui elle-même fragilise la cohésion nationale, augmentant la vulnérabilité aux manipulations extérieures.
Effet systémique : l’impact d’une menace augmente la probabilité ou la gravité d’autres menaces (boucles de rétroaction positives).
Multiples niveaux d’échelle et de temporalité
Un système comprend des niveaux imbriqués :
- Individuel (citoyens ciblés par la désinformation),
- Local / national (cohésion sociale, infrastructures critiques),
- International / global (enjeux indo-pacifiques, rivalités systémiques).
Et ces menaces ont des effets à court, moyen et long terme :
- Une cyberattaque perturbe immédiatement un hôpital,
- Mais la perte de confiance dans les institutions peut durer des années.
Lecture systémique : une action ou une inaction à un niveau peut générer des effets imprévus à un autre.
Boucles de rétroaction et d’amplification
Le chef d’état major des armées parle d’un effet “cliquet” : chaque crise franchit un seuil, sans retour possible au point de départ.
Dans un système :
- Certaines actions créent des dynamiques auto-renforçantes : ex. la menace russe alimente la militarisation de l’Europe, qui alimente la posture agressive de la Russie, etc.
- D’autres produisent des boucles de compensation (adaptations défensives, résilience civile, alliances).
Cohésion nationale : centre de gravité du système
Le chef d’état major des armées identifie la cohésion nationale comme le point névralgique :
- Elle est à la fois cause, effet et levier d’action face aux menaces hybrides.
- Sa fragilisation engendre une vulnérabilité généralisée (sociale, politique, militaire).
Dans une lecture systémique, la cohésion est un nœud du réseau, un « hub de résilience ». Si elle tombe, tout le système se désagrège.
Effets d’émergence et incertitude
Les crises ne se contentent pas de s’additionner — elles produisent de nouveaux effets non prévisibles, comme :
- L’effet d’accoutumance à la violence (changement culturel profond),
- L’émergence de nouvelles alliances, ou de tensions internes inattendues.
- Cela renforce l’idée qu’on ne peut prévoir ou modéliser parfaitement les effets d’une crise : on peut seulement s’y préparer de manière adaptative.
Stratégie globale = pensée systémique
La réponse française proposée repose déjà implicitement sur une approche systémique :
- Coopération civilo-militaire,
- Transformation numérique,
- Préparation aux conflits de haute intensité,
- Culture stratégique partagée,
- Autonomie stratégique européenne.
Ces leviers sont multiniveaux, intersectoriels et interconnectés, visant à renforcer la résilience du système dans son ensemble, plutôt que de traiter les menaces isolément.
Conclusion : une gouvernance par la complexité
Cette analyse révèle une mutation profonde du paradigme sécuritaire. La sécurité nationale ne peut plus être assurée par des réponses linéaires et cloisonnées. Elle demande :
- Une intelligence collective distribuée,
- Une adaptabilité en continu,
- Et une résilience systémique fondée sur la compréhension fine des interactions et des vulnérabilités.
Autrement dit, face à un monde en polycrise, la seule réponse viable est une pensée systémique appliquée à la stratégie, à la culture et à l’action.