C’est ce que dit Fanny Nusbaum dans son nouveau livre : L’art de l’excellence. Sous titré : En finir avec la dictature humaniste
 » L’humanisme actuel nous uniformise, diluant le feu intérieur qui fait la grandeur de l’Homme. »


Voici comment nous comprenons une page concernant la communication aujourd’hui ( L’art de l’excellence Une communication tout en rondeur p. 81)

Je traduis, et l’auteur pourra confirmer ou infirmer

Aujourd’hui, la tendance dans la communication penche ostensiblement vers la douceur, l’harmonie, l’empathie – autant de valeurs auxquelles on prête des attributs féminins. Cependant, cette douceur, qui se veut universelle et inclusive, semble nous éloigner d’une réalité plus brutale, plus sauvage, plus viscérale qui, elle, est synonyme de force et de puissance. La tendance actuelle voudrait que pour être « très humain », il faudrait nécessairement revêtir des qualités empruntées au féminin, comme l’empathie, la bienveillance et la compassion. Nous avons substitué la brutalité de la nature humaine, la testostérone bouillonnante, par un vernis de civilité. Nous nous sommes éloignés de notre état sauvage et brut pour embrasser une version sublimée, presque édulcorée, de notre être. Autrefois, nous cherchions dans nos dirigeants une force indomptée, une puissance qui nous rassurait face aux dangers du monde. Aujourd’hui, c’est la rhétorique douce et persuasive qui est valorisée. Une rhétorique qui s’éloigne de toute velléité guerrière, évitant toute manifestation d’agressivité, optant pour une approche qui frôle l’apaisement et la passivité. Nous sommes passés d’une ère où la puissance et la force étaient les attributs désirés d’un leader à une ère où la bienveillance et la capacité à communiquer sont devenues les critères de choix. Nos chefs semblent avoir troqué leur armure pour des robes, laissant leur épée pour brandir des mots doux et rassurants.
Mais n’y a-t-il pas quelque chose qui se perd dans cette transition ? La puissance brute, la force viscérale sont des qualités qui, bien que souvent décriées, ont leur place dans la sphère du leadership. Nous nous éloignons de la réalité d’un monde qui, malgré tous nos efforts, reste un lieu de conflit, de compétition et de puissance. La célébration de la laideur, du gras, du vieux et du tordu, bien qu’elle soit une forme de reconnaissance de l’humanité dans toutes ses formes, éclipse la beauté brutale de la force et de la puissance. Une puissance qui, bien orientée, est capable de protéger, de bâtir et de conquérir. Nos émotions sont magnifiées, mais la force et la puissance sont réprimées. Cette dichotomie marque une faille dans notre approche de la communication et du leadership. Faut-il se détourner entièrement de la brutalité naturelle et inhérente à la condition humaine pour être considéré comme civilisé et humain ? Il est peut-être temps de se rappeler que la force, la puissance et la brutalité ont leur place dans le discours public. Pas comme des éléments à craindre et à réprimer, mais comme des aspects intégraux de l’expérience humaine qui, reconnus et maîtrisés, peuvent se révéler des atouts indéniables dans le monde complexe et souvent impitoyable dans lequel nous vivons.

Et si j’étais vraiment viril, je dirais quoi ?

Ah, la bienveillance ! Quelle belle invention ! On se triture les méninges pour pondre des mots doux, se vautrer dans une sérénade de bons sentiments. Ça en devient répugnant, vous ne trouvez pas ? Comme si chaque mot devait être caressé, bichonné avant de faire son entrée dans ce monde. On suggère, on chuchote, on caresse les oreilles et les âmes, éperdument effrayés de brusquer quiconque. Et puis, « très humain », qu’est-ce que ça veut dire au juste ? Un être bardé d’empathie, suintant la bienveillance, qui t’engloutit dans un amour étouffant. On est tous devenus des mères, des matrones, effrayés par la bestialité qui nous habite, la sauvagerie qui nous constitue. C’est une farce, vous ne voyez pas ? On a troqué nos griffes contre des caresses, nos rugissements contre des murmures.
Auparavant, on saluait la force, l’invincibilité, la virilité crue des grands hommes. On voulait des lions, pas des agneaux. Mais aujourd’hui, que voit-on ? Des doux-parleurs, des manipulateurs de mots, qui se drapent dans la décence et la retenue comme des vertus cardinales.
Ils ont jeté l’armure, bon sang ! Et nous, comme des imbéciles, on se pâme devant leur délicatesse feinte. On oublie la guerre, la lutte, le combat – tout ce qui nous fait vivants, vibrants, terrifiants et magnifiques.
Regardez autour de vous. La laideur se pavane, s’exhibe avec fierté. On doit tout accepter, tout aimer, tout chérir. On est devenus des esclaves de la tendresse, des prisonniers de la douceur.
Chaque rencontre, c’est un pacte de non-agression. On ne se bat plus ; on s’effleure. L’émotion, cette vieille garce, a pris le pouvoir. On se noie dans la sentimentalité, dans la compassion – comme si c’était là la véritable essence de l’humanité. Mais moi, je vous le dis, il y a quelque chose de pourri dans ce royaume de la bienveillance. On a étouffé la bête, la force, la puissance. On l’a enfermée, bâillonnée, réduite au silence. Mais elle est là, elle gronde dans les tréfonds, elle attend son heure.
On a besoin de se réveiller, mes amis. La bienveillance, l’empathie, la douceur – ce ne sont pas des vertus ; ce sont des chaînes. Elles nous entravent, nous réduisent à des ombres de nous-mêmes.
Je crache sur cette douceur imposée, cette faiblesse célébrée. Je veux retrouver la force, la puissance, la brutalité. Je veux hurler, combattre, vaincre et être vaincu. Je veux vivre, bon sang, pas simplement exister.
Alors, si vous en avez marre de ces mièvreries, de cette complaisance répugnante, rejoignez-moi. Laissons la bienveillance aux faibles, aux effrayés. Redécouvrons notre force, notre puissance, notre sauvagerie. Et faisons de ce monde un endroit où il fait bon vivre, pas juste survivre.

Contac par Mail contact@evalir.fr ou Tel : 07 70 40 87 31

Articles les plus consultés